Bienvenue dans cette nouvelle transcription de Le Journal des Lunes 🌙. Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Coraline, doula et éducatrice pour enfants, autour d’un sujet essentiel pour toutes les femmes : la reconnexion au corps féminin.
Avec douceur et expérience, Coraline nous guide à travers son parcours et nous explique pourquoi il est si important d’écouter son corps, de respecter ses cycles, et de se reconnecter à nos sensations profondes. Que vous soyez femme, mère, ou en quête d’un mieux-être, cette reconnexion au corps est une clé pour mieux vivre et accepter chaque phase de la vie.
Dans cet échange sincère et bienveillant, Coraline partage des conseils pratiques pour reprendre contact avec soi-même et retrouver un équilibre entre corps et esprit. Que vous ayez manqué l’épisode ou souhaitiez approfondir les points abordés, vous êtes au bon endroit !
Je vous invite à plonger dans cette conversation enrichissante en lisant la transcription complète ci-dessous. Bonne lecture ! 🌿
Notre invitée du podcast : Coraline, doula et éducatrice jeunes enfants
Amandine : Bonjour et bienvenue sur le Podcast le journal des lunes aujourd’hui nous sommes avec Coraline, une camarade bénévole de l‘association ECOFEMINA.
Bonjour Coralie, merci d’être venue. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots?
Coraline : oui bonjour Amandine. Je m’appelle Coraline, j’ai 34 ans et je suis professionnelle de la petite enfance. Je suis bénévole dans plusieurs associations, dont effectivement l’ECOFEMINA où on s’est rencontrées et dans un centre social. Je suis très intéressée par tout ce qui a trait au corps et aux émotions : ça a commencé par les enfants et finalement je me suis aperçue qu’en fait ça touche tout le monde.
Amandine : “Merci pour cette présentation. Alors comment ça va aujourd’hui ?”
Coraline : Ça va très bien merci.
Le Rapport de Coraline à Son Cycle Menstruel : Reconnexion au Corps Féminin et Bien-Être
Amandine : “Est-ce que tu sais dans quelle phase de ton cycle tu es ?”
Coraline : “Oui je suis en pré menstruation.”
Amandine (rires) : “Et ben moi aussi ! Ça va bien se passer (rires, ironie).”
Coraline : “Ça va, je commence à sentir des petites des petites vagues… la préparation justement à mes lunes, des petites petites douleurs, des petites choses comme ça.
Amandine : “Pour commencer du coup on va justement parler du cycle. Est-ce que tu te souviens de la première fois que tu as eu tes règles ?”
Coraline : “Alors, j’étais assez jeune, je ne m’en souviens plus vraiment, mais en tout cas, je sais que c’est arrivé en 6e. Je ne me souviens plus trop comment c’est arrivé, mais je me rappelle que j’étais la seule de ma classe à les avoir. J’ai un vague souvenir que c’était un peu perturbant, comme si je devais grandir trop vite. Déjà qu’il y avait eu ce passage de la primaire au collège, et paf, il y a ça qui entre en jeu en plus.”
Amandine : “Est-ce que tu avais déjà échangé avec les femmes de ta famille à ce sujet ? est-ce que tu savais ce que c’était ? de ce qui se passait dans ton corps ou pas du tout ?”
Coraline : “Je ne m’en rappelle plus vraiment. Pourtant, ma mère m’en parlait assez ouvertement, mais je n’ai pas de souvenir distinct qu’elle m’en ait vraiment parlé avant, pour me prévenir. Peut-être que oui, mais je n’en ai pas de souvenir, en tout cas. Il y avait quand même ce côté fusionnel avec ma mère, donc je voyais : je savais ce que c’était parce que je le voyais chez elle.”
Amandine : “Est-ce que tu te souviens comment tu as vécu ce basculement dans la puberté dont finalement les règles étaient le premier signe apparent ?”
Coraline : “C’était assez difficile dans le sens où, euh, je faisais de la natation et je ne savais pas comment faire : devoir utiliser des tampons et aller quand même à la piscine, même en les ayant. Il y a peut-être eu cette prise d’autonomie plus rapide et une maturité aussi, peut-être plus rapide. Mon corps s’est également développé : fin primaire/début collège, j’avais déjà des formes, alors que les autres filles de mon âge n’en avaient pas. C’était assez perturbant, finalement, de ne pas se reconnaître dans les autres et d’être la seule autour de moi à les avoir. Néanmoins, je n’ai pas de souvenir que ce soit si perturbant que ça, à part que j’ai rapidement eu des flux très abondants, qui duraient de 3 à 5 jours. Il y avait tout le reste qui ne changeait pas, en fait : l’école continuait comme si c’était normal, ta vie aussi, comme avant. Je pense que, du coup, je me suis adaptée parce que c’est comme ça : si ça fait mal, bah je ne sais pas, on me dit que c’est normal, donc d’accord. J’ai dû m’adapter très rapidement.”
Amandine : Finalement est-ce que tu te souviens un peu de la réaction de ton entourage ? Est-ce que ça a été un événement ou alors pas vraiment ?
Coraline : “Honnêtement, je ne sais pas, je n’ai pas de souvenir de ça. Je pense que ce n’était ni mis de côté ni vraiment un événement. Je crois qu’il y a quand même eu quelque chose avec ma mère : elle a sûrement dû m’acheter ce qu’il fallait. Je ne sais pas si elle m’a montré, par exemple, comment utiliser les tampons, puisque j’étais obligée d’en avoir pour aller à la piscine, ou si j’ai appris toute seule. Ce n’était pas non plus quelque chose d’extraordinaire.”
Amandine : “C’est marrant, c’est peut-être parce que j’ai fait des années de thérapie et que je n’ai pas arrêté de me raconter, mais je me souviens très bien de mes premières règles. Je me souviens d’être rentrée à la maison, d’avoir eu très, très mal et de l’avoir dit à ma mère. Je me rappelle qu’elle était toute contente : “Ah, maintenant tu es une femme !” Elle a appelé ma grand-mère pour lui dire, et toute la famille l’a su dans la foulée. À 12 ans, tu n’es pas du tout une femme ! D’ailleurs, j’étais un peu en colère qu’on me dise ça, alors que moi, je venais de me rendre compte que j’allais souffrir tous les mois. Je me souviens de la première fois que j’ai essayé de mettre un tampon : c’était pour aller à la piscine, mais l’été, et je me rappelle que ma mère n’avait jamais mis de tampon de sa vie. Je me suis retrouvée complètement perdue avec ce truc, avec un applicateur en carton. J’ai regardé le schéma sur la boîte, j’étais accroupie au-dessus d’un bidet, et j’ai eu mal. J’ai dû m’y reprendre je ne sais pas combien de fois. Je me souviens de la galère que c’était à ce moment-là, et je me suis sentie un peu seule pour le coup : pas de sœur, personne pour en parler, hormis ma mère qui ne savait pas grand-chose. En plus, on n’avait pas Google. Si j’avais eu un smartphone, je serais sûrement allée voir une vidéo YouTube.
Je pense que ça diffère d’une personne à l’autre, les souvenirs que l’on garde de son adolescence.”
Coraline, Protections Périodiques et reconnexion au corps féminin
Coraline : “Oui, c’est vrai que les seuls souvenirs que j’ai, c’est ce fameux tampon que je devais mettre pour aller à la piscine, et effectivement, ça pouvait faire mal. Mais bon, mon amour pour la piscine était tellement fort, et mon besoin aussi, que finalement, je ne me suis pas posé de questions. Je me souviens aussi des fois où il y avait des fuites au collège ou au lycée, et de la peur de sentir que ça commençait sans avoir de protection. Le stress montait, et je mettais une écharpe ou quelque chose autour de mon bassin ou de mes fesses pour cacher.
Je me rappelle également d’une amie au collège qui portait un pantalon blanc et qui l’a tâché. Ça m’a servi de leçon : il ne faut pas porter du blanc, ni de couleurs claires, pendant les règles. Je ne me souviens pas s’il y avait eu des moqueries, mais je n’ai pas eu cette impression.
Je ne sais pas si ça te fait ça aussi, mais parfois, ça m’arrive encore, parce que mes règles sont toujours très abondantes. Quand je suis à l’extérieur, c’est parfois compliqué. Il m’est arrivé de vivre ça au travail, quand je travaillais en crèche et que je ne pouvais pas aller aux toilettes quand je voulais (je ne pouvais pas laisser le groupe d’enfants seul). Du coup, voilà, ça débordait. J’avais ce sentiment de stress qui montait et je me demandais jusqu’où ça allait couler.
Et puis la douleur… cette douleur finalement très banalisée : devoir prendre du Spasfon tout le temps.”
Amandine : “J’étais cette copine qui mettait un pantalon blanc le jour où j’avais mes règles, et après ça, je n’ai plus jamais porté de pantalon blanc. Par contre, je me souviens bien des moqueries. Je me rappelle essayer de cacher la grosse serviette hygiénique dans ma manche, de partir aux toilettes ou en cours, et les garçons qui étaient là, disant : « Elle a ses règles, euh… » (avec des rires dégoûtés). Je me souviens aussi avoir fait tomber un tampon de mon sac et qu’il roule par terre. Pour moi, c’était l’humiliation ultime.
Je me rappelle qu’effectivement, nous n’avons pas toutes été réglées en même temps. Selon les années, on n’était que deux ou trois dans la classe à les avoir, et donc on devenait un peu les cibles des moqueries, parce que les garçons, comme nous, ne savaient pas trop ce que c’était. Alors, c’était drôle pour eux de le pointer du doigt.
Par contre, ça ne m’est pas arrivé à l’âge adulte, car j’ai longtemps pris des contraceptifs. Maintenant, j’ai un cycle naturel (depuis 2019) que j’observe grâce à la symptothermie, donc je ne me fais plus surprendre. À deux ou trois jours près, je sais quand je vais avoir mes règles. Dès que ma température baisse, je sais que ça va venir. De ce fait, je m’équipe à ce moment-là et je n’ai plus la surprise de les avoir tout d’un coup dans la journée.
C’est hyper cool, car j’ai un tout autre rapport à mes menstruations comparé à quand j’avais 13 ans, où c’était la panique totale. J’avais l’impression que mon corps prenait le contrôle et que je n’avais pas vraiment mon mot à dire. À cette époque-là, en tant que personne genrée au féminin, nos corps changeaient, et le regard des autres évoluait aussi, pas forcément en bien.”
La puberté une période challengeante pour le corps féminin
Amandine : “Comment c’était pour toi cette période un peu charnière du développement ? “
Coraline : “Comme je te l’ai dit, mes formes sont arrivées très tôt, et je me sentais déjà seule à l’école, dans ce système scolaire. Cela a généré en moi ce sentiment d’être différente, pas comme les autres. Très vite, ma poitrine s’est développée, et elle était même plus grosse que celle de la plupart des autres filles.
Ma mère me parlait souvent de tout ça, et j’avais son modèle. Elle me donnait des conseils pour essayer de prendre soin de ma poitrine. Ce qui nous différenciait, c’est que j’ai beaucoup de hanches et que je faisais beaucoup de sport. Malgré tout le sport que je faisais, j’ai rapidement pris du poids. C’était très dur pour moi, car même à la piscine, je voyais plein d’autres femmes beaucoup plus minces que moi. Je ne comprenais pas pourquoi, malgré tout ce sport, je grossissais. Peut-être que mon alimentation jouait un rôle : je mangeais beaucoup de sucre, mais pas tout le temps non plus.
J’ai eu beaucoup de mal à accepter mes formes, car j’avais l’impression d’être grosse et de ne pas l’accepter. J’avais l’impression de ne pas pouvoir plaire, et je me suis vraiment refermée sur moi-même : je me suis mise dans ma bulle avec le sport et la musique. Je me suis isolée, et cela avait un lien avec ce que je vivais personnellement à l’école, ce que les autres me renvoyaient, ou mes propres projections, ainsi que ce que j’entendais dans mon milieu familial. Le fait d’être différente et de ne pas être comme les autres, même physiquement, était très dur. Je n’en parlais même pas à ma mère, même si nous étions proches. J’ai gardé tout ça en moi jusqu’à il y a cinq ans.
Je n’aimais pas mon corps et je faisais le yoyo : je maigrissais, puis je grossissais, et ça recommençait. Mon corps a gardé beaucoup de traces de ces fluctuations de poids. Cela a été très difficile pour moi, par exemple à la piscine : je ne mettais jamais de maillot de bain deux pièces. Encore aujourd’hui, montrer mon nombril reste difficile. J’avais aussi honte de ma pilosité, et honte de ce corps qui n’était pas celui qu’on voyait partout.”
Les premières histoires d’amour et le rapport au corps féminin
Amandine : “Est-ce qu’à cette époque-là ça t’a empêché de te rapprocher des autres, d’avoir des histoires d’amour, des flirts ?”
Coraline : “Je pense que, comme je me suis enfermée dans ma bulle et que j’essayais déjà de me débrouiller avec ce que j’étais en train de vivre, ça n’a pas laissé de place à autre chose. Même s’il y avait quand même des petites envies, je voyais bien que j’étais toujours attirée par des garçons qui, eux, étaient finalement attirés par des jeunes femmes que je trouvais plus jolies, plus minces, avec un corps plus beau.
Je pense que j’ai fermé la porte à tout ça, et c’est revenu plus tard, vers 17-18 ans. Mais j’avais tellement d’autres trucs perso à régler que je n’avais pas de place pour ça. Finalement, je suis restée dans ma bulle et je n’ai pas essayé. Peut-être aussi parce qu’il y avait ce sentiment de rejet, et que ce n’était pas facile. ”
Amandine : “Du coup ta première histoire d’amour, tu l’as vécu adulte si je comprends bien ?
Coraline : “J’étais un peu dépitée, car j’étais l’une des seules parmi mes amis à n’avoir jamais eu d’expérience avec un garçon, et je me disais des choses assez sombres, du genre « je ne vaux pas la peine » ou des choses comme ça. Je suis allée sur des applis à 19 ans, quand je suis entrée à la fac. En quittant le lycée, il y avait un peu plus cette préoccupation, entre guillemets, d’avoir des relations avec un garçon, mais en même temps, j’étais très timide et réservée. J’avais passé mes 18-19 ans à m’enfermer, à essayer de me protéger. Je ne savais pas comment aborder les gens et je restais en retrait. Du coup, on ne venait pas vers moi, car je n’étais pas très ouverte.
Sur les applis, j’ai effectivement rencontré des hommes, mais honnêtement, je ne savais pas trop ce que je faisais. J’expérimentais, mais ça ne me parlait pas vraiment. Pourtant, j’avais ce besoin à assouvir, de me dire que moi aussi je pouvais avoir des relations. C’est vraiment à 21 ans que j’ai eu quelque chose de plus sérieux avec un homme, une véritable histoire d’amour qui a duré huit ans. C’est la seule que j’ai eue jusqu’à maintenant.”
Amandine : “Est-ce que ce besoin d’exploration c’était en lien avec le poids de la société : “ à presque 20 ans j’ai pas perdu ma virginité, je suis pas normale” ou est-ce que vraiment tu ressentais cette pulsion d’être dans le désir, d’être dans le contact avec l’autre ? Peut-être que c’était les deux ?”
Coraline : “Non, je pense qu’il y avait effectivement ce côté sociétal qui disait que ce n’était pas normal. Je ne pense pas que ce soit vraiment lié à mon corps, car j’étais quand même assez déconnectée de celui-ci. C’était plutôt une question d’état d’esprit, d’émotions, du mental, et d’essayer d’être acceptée. J’étais totalement déconnectée de mon corps, donc je ne ressentais pas vraiment de désir. D’ailleurs, j’ai découvert mon corps tard.
Je pense que le fait d’avoir quitté le lycée et d’être allée étudier quelque chose que j’avais vraiment choisi m’a enlevé un poids, ce qui m’a permis de me préoccuper un peu plus de moi. C’est vraiment à cette période, à 19 ans, que j’ai commencé à essayer d’explorer mon corps : aller voir, regarder, et un peu toucher…”
Amandine : “Il y a beaucoup de femmes adultes qui ne savent pas à quoi ressemble leur sexe dans un miroir et qui ne connaissent pas du tout leur anatomie, ni ce qui leur fait du bien en dehors de rapports avec un ou une partenaire. C’est encore très ancré, malheureusement, dans notre société ; ce n’est pas quelque chose qu’on nous encourage à faire. Cette pulsion de sexualité que nous avons tous et toutes apparaît très tôt, mais j’ai la sensation qu’elle est plus taboue pour une petite fille que pour un petit garçon. Pour un petit garçon, on va rigoler parce qu’il se touche le pénis, alors que chez une petite fille, c’est perçu comme sale. Ce tabou de la masturbation féminine persiste peut-être plus longtemps en grandissant. J’ai un peu perçu que, pour les garçons, c’était normal, mais pas pour les filles.
Coraline : « C’est vrai. Je me rappelle que ma mère avait offert des préservatifs à mes frères, je ne sais plus quel âge ils avaient, mais moi, jamais. Elle ne m’en a jamais acheté, mais elle m’avait prévenue qu’il fallait en mettre. Il y avait beaucoup plus cette préoccupation pour mes frères que pour moi. Il n’y avait pas cette prévention en tout cas : c’était plutôt ‘Fais attention, protège-toi.’ C’est vrai que cette différence entre les filles et les garçons se joue sur la sexualité, mais aussi sur plein d’autres choses. »
Contraception et Protection Contre les IST : comment rester connectée à son corps féminin
Amandine : Comme on est sur le sujet des préservatifs, est-ce que quand tu as commencé à vouloir explorer ta sexualité, tu as fait le choix d’une contraception ou pas ?
Coraline : “Alors moi, en fait, comme j’avais des règles assez douloureuses et que j’avais aussi de l’acné, ma mère m’a emmenée chez la gynécologue à 15 ans pour prendre la pilule. Je faisais confiance aux médecins ; il fallait que je prenne la pilule. En fait, j’avais déjà la pilule à 15 ans, d’abord pour ces douleurs et pour cette irrégularité dans mon cycle, qui pouvait être gênante. Comme je ne connaissais pas mon cycle, je ne pouvais pas savoir que je n’étais pas connectée à mon corps.
Il y a quand même eu les préservatifs pour le début des relations. J’ai eu cette curiosité d’essayer les préservatifs féminins pour voir comment ça fonctionnait. Je ne crois pas en avoir utilisé avec un homme ; j’avais cette impression que ça allait être moins efficace que les autres, parce qu’on n’en parlait pas.”
Amandine : “Je me souviens qu’on a eu quelques cours d’éducation sexuelle, si on peut appeler ça comme ça, vite fait au collège, où nous devions faire des exposés en groupe sur un sujet. Par exemple, on déroulait des préservatifs sur des bananes. On nous en a parlé, mais le discours était très orienté sur le préservatif masculin. Je ne me suis jamais servie de préservatifs féminins ; je ne saurais même pas comment les mettre. Je pense que j’ai des préjugés de cette époque : ça a l’air vraiment pas pratique.
Pourtant, en ce qui concerne l’efficacité contre les IST, je pense que c’est même limite plus efficace, car toute la vulve est partiellement recouverte, donc les sécrétions sont bouchées, entre guillemets. Je ne pense pas que ça change le niveau de plaisir. Concernant la sensorialité et tout, je n’en sais rien. Je sais qu’on m’a bassiné très tôt avec des phrases du genre : “Avec la capote, ce n’est pas pareil.”
Je me rappelle d’avoir eu cette sensation jusqu’à peu près le début de ma vingtaine : “C’est au mec d’y penser.” Je me retrouvais dans des situations où, justement, un homme me disait : “Ah mais je n’aime pas trop, mais ce n’est pas grave, je ne finis pas dedans.” Parfois, je ne savais pas dire non, je ne savais pas gérer ce genre de situation, ce qui m’a mise dans des situations un peu délicates, parce que je partais du principe que c’était un truc de mec.
Le peu de discussions que j’avais pu avoir avec ma mère et surtout le fait qu’elle ne m’en avait pas acheté et qu’elle ne m’avait pas dit non plus : “Il faut impérativement que tu en aies sur toi.” C’est quelque chose qui m’est venu plus tard. Quand j’avais peur de tomber enceinte, je me suis alors dit : “Je vais moi-même me fournir et, puis, s’il me dit qu’il n’en a pas, j’en aurai sur moi.”
Coraline : “Moi, ce n’était pas négociable, pour le coup. Mais je pense qu’il y avait quand même ce truc avec ma mère : elle avait dû insister sur les maladies ou des choses comme ça. Pour moi, ce n’était pas négociable. Par contre, j’ai arrêté la pilule à 23 ans, parce que je sentais que cela créait des choses en moi, des émotions, et je ne savais pas ce qui m’arrivait. Je ne comprenais pas, et c’est drôle parce que c’est mon ex-copain qui, lui, avait remarqué que j’étais tellement pas connectée à mon corps. Il me disait : “Tu vas avoir tes règles.” Ça m’énervait quand il me disait ça, mais en fait, il avait carrément raison.
Je sentais que la pilule avait des effets là-dessus, et j’ai décidé d’arrêter la pilule et de ne rien avoir comme contraception, sauf de mettre des préservatifs. Il y avait cette peur d’être enceinte. J’étais encore en études tout le temps qu’on était ensemble, jusqu’à mes 28 ans. Pour moi, c’était hors de question d’avoir un enfant alors que j’étais en études. On n’avait pas une situation super stable non plus.
Il y avait des moments où je n’avais pas envie d’avoir de rapports avec lui, parce que je ne voulais pas prendre de risques. J’ai une amie à qui c’est arrivé de tomber enceinte avec la méthode du retrait.
Pour moi, je n’aurais pas pu garder cet enfant, et c’était impossible pour moi de prendre la décision d’avorter. Je savais que psychologiquement, ça allait me détruire. J’ai autre chose qui a entraîné des obstacles dans ma sexualité : j’ai un fibrome d‘endométriose. Cela rendait la sexualité lourde. À un moment, j’ai décidé de mettre un stérilet, et bien sûr, une gynécologue m’a déconseillé ça, alors je suis allée en voir une autre. Le stérilet en cuivre, ça a été horrible ; je l’ai gardé pendant un an. J’avais des règles hémorragiques, des douleurs tout le temps, et en fait, au bout d’un moment, ce qui a fait que j’ai décidé de le retirer, c’est que j’étais en stage et que j’étais avec un groupe d’enfants, et d’un coup, ça a débordé. J’ai eu tellement honte ! J’ai dû appeler mon ex-copain pour lui dire : “Il faut que tu m’emmènes un pantalon, qu’il faut que tu m’emmènes des rechanges.” Heureusement, on habitait pas trop loin. En attendant, j’étais aux toilettes. Il est venu, mais c’était genre : “C’est quoi ça ? Ce n’est pas possible de vivre comme ça.” Donc, je suis allée le retirer, et après, eh bien, de nouveau les préservatifs. Maintenant, je comprends mieux. Mon endométriose a été diagnostiquée en 2023, même si je m’en doutais un peu depuis quelques années. Je me dis que peut-être que le stérilet en cuivre n’a pas arrangé les choses.”
Amandine : “En général, c’est plus ancien que ça : c’est à l’adolescence que la maladie se déclare, d’où les cycles irréguliers, l’abondance et les douleurs. Il y a un fort terrain génétique, mais aussi tout ce que tu as vécu par la suite, les contraceptions et les habitudes de vie, qui ont un gros impact. Ça ne vient pas de nulle part. C’est vrai qu’on essaie souvent de s’expliquer : “C’est à cause de ça ou ça.” Mais en fait, ouais, c’était en dormance depuis le début.
C’est le cas aussi pour le SOPK et pour beaucoup de maladies chroniques, et il est très fréquent que les patientes aient un combo des deux : l’endométriose et le SOPK.
Effectivement, le DIU au cuivre, ce n’est pas du tout une bonne idée quand on a une maladie chronique. Même avec un fibrome, c’est pro-inflammatoire. D’ailleurs, c’est le mécanisme du cuivre qui vient créer une inflammation pour se débarrasser éventuellement d’une nidation. Ce n’est pas forcément la contraception la mieux vécue dans ce cas. Depuis, tu n’as plus de contraceptif ?”
Coraline : “Non, c’est hors de question pour moi de retourner vers des contraceptions hormonales. D’ailleurs, par rapport à l’endométriose, on m’a conseillé de prendre la pilule pour ne plus avoir mes règles et pour éviter les douleurs. Justement, j’ai été tellement déconnectée de mon corps pendant tant d’années que prendre la pilule pour ça serait à nouveau une déconnexion. Maintenant, j’apprécie, avec ma connaissance du cycle (à quoi ça sert, etc.), la chance que j’ai d’avoir mes règles, en fait. Je le prends différemment maintenant, et même si parfois il y a encore du stress parce que j’ai toujours des cycles irréguliers selon ce que je vis émotionnellement ou selon les soins que je fais (énergétique ou ostéo).
Je ne pratique pas la symptothermie, mais je sais où j’en suis dans mon cycle, car je l’ai observé pendant des années. Dorénavant, je sais que même s’il y a des variations ou des douleurs, elles vont s’en aller. Mon cycle se réduit parfois ou s’allonge, par exemple, quand au niveau professionnel ou personnel il y a des événements qui me chamboulent. Je m’organise par rapport à quand je vais avoir mes règles et parfois je refuse des événements ou des sorties.
Clairement, c’est pour ça que j’ai aussi décidé d’être entrepreneur : pour que les deux jours où je suis au lit à cause de mes règles, je puisse rester en pyjama. Je suis obligée d’aller aux toilettes toutes les 1h30 à 2h, et quand j’étais salariée, c’était super compliqué, et ça me rajoutait un stress énorme.”
Coraline et Sa Reconnexion à Son Corps
Amandine : “Quand est-ce que tu as commencé à vraiment te renseigner sur le cycle et à te former ? Quand est-ce que ça a commencé pour toi ?”
Coraline : “Il y a 5 ans, je suis arrivée à Lyon, et cela faisait déjà au moins un an que j’avais du spotting pendant l’ovulation. Mais bon, j’étais tellement déconnectée de mon corps que ça me saoulait. Je tombais toujours sur des gynécologues qui ne m’aidaient pas et faisaient une fixation sur mon poids. Je ne voulais plus y aller. En fait, quand je suis arrivée à Lyon, j’ai tout quitté de mon ancienne vie et je me suis recentrée sur moi. Je me suis dit : “Ce n’est pas normal d’avoir à la fois des règles et une perte de sang pendant l’ovulation sur 2 jours. Il va peut-être falloir que je fasse quelque chose.” Donc, je suis allée voir une nouvelle gynéco, et elle a découvert que j’avais des polypes (mais pas encore l’endométriose). Comme je lui avais dit que je n’avais pas envie d’enfant pour le moment, elle m’a dit : “Ce n’est pas très grave.”
J’ai dû me faire opérer des polypes, et là, ça a été un peu traumatisant parce que j’étais sous anesthésie générale. Moi qui étais énormément dans le contrôle, ça me terrorisait. C’était juste avant le confinement, et c’était super angoissant pour moi. En plus, je venais d’arriver dans une ville où je ne connaissais personne. J’étais en colocation, mais je ne connaissais pas grand monde. J’ai même fait venir ma mère qui est venue avec moi à l’hôpital. Que des personnes puissent s’introduire dans cet espace intime (mon utérus) pendant que moi, je suis endormie… cette pensée était horrible, même si ça n’a duré que 10 minutes.
Je me suis réveillée le lendemain et je me suis dit : “Plus jamais ça.” À partir de ce moment-là, je me suis dit : “Je sais que je peux guérir, je sais que je peux faire des choses pour diminuer ces polypes.” 3 à 4 mois plus tard, on m’a trouvé de nouveaux polypes. J’ai donc décidé de prendre mon corps en main, et c’est là que j’ai commencé à chercher des solutions naturelles. J’ai commencé à faire du Kundalini Yoga et j’ai rencontré une femme qui en faisait et qui, par la suite, organisait des retraites avec une autre femme spécialisée en gynécologie ancestrale. J’ai assisté à un cercle sur le thème de la Yoni. J’ai commencé à participer à des retraites sur le thème de l’utérus et de la sexualité (non mixtes, entre femmes). J’ai ensuite suivi une formation sur le Féminin Sacré, ce qui m’a permis de me connecter à mon corps de femme, à l’accueillir et à me connecter à d’autres femmes, à prendre conscience que je n’étais pas seule à vivre ça. Ça faisait tellement de bien de pouvoir partager, même si c’était parfois dur d’entendre ce que les autres avaient vécu et aussi de partager des choses aussi personnelles avec des personnes que je ne connaissais pas.
J’avais un rapport aux femmes assez complexe : c’était compliqué pour moi de nouer des liens de proximité avec d’autres femmes, même si j’avais quand même quelques amies femmes. Dans le milieu professionnel, c’était très compliqué : il y avait vraiment ce côté de se tirer dans les pattes, d’être dans le jugement, de parler derrière le dos des autres. Dans ma tête, les femmes étaient mauvaises entre elles, et je ne comprenais pas pourquoi. Je me suis un peu fermée avec elles, mais ces retraites étaient des espaces sécurisés, avec de la douceur, de l’écoute, pas de jugement et de la bienveillance. J’ai découvert le concept de sororité : tout un champ de possibilités pour moi, ce qui m’a aidée à aller un peu plus à l’intérieur et à communiquer avec mon corps, mon utérus, mes fibromes, mon endométriose.
Cette nouvelle connexion à mon corps m’a permis de me rencontrer : qui j’étais vraiment à l’intérieur, et d’arrêter d’être ce qu’on me demande d’être. Cela m’a permis une ouverture d’esprit, afin de rencontrer des personnes que je n’aurais jamais pu rencontrer avant, qui sont maintenant des amies proches comme des sœurs. Nous sommes là les unes pour les autres. Grâce au féminin sacré, j’ai découvert les différentes phases de mon cycle, ce qui m’a permis d’accueillir le fait de ne pas être toujours dans la même énergie.”
Amandine : “Je crois qu’on va s’arrêter sur cette note super positive, celle de cette reconnexion à ton corps qui t’a permis de t’ouvrir, de découvrir les autres et de te découvrir toi-même. Je te remercie pour ces confidences et je te dis à très vite pour d’autres échanges au sein de l’association.”
Conclusion de l’Épisode 2 : Reconnexion au corps Féminin avec Coraline
C’est tout pour aujourd’hui dans ce premier épisode du “Journal des Lunes”. J’espère que cette introduction vous a donné envie de nous suivre chaque mois. N’oubliez pas de vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes et surtout de partager le podcast autour de vous, vos amis, votre famille et toute personne qui pourrait être intéressée par ces discussions importantes sur la santé et le bien-être féminin.
Je suis reconnaissante de vous avoir eu avec moi. Restez connectées, prenez soin de vous et souvenez-vous : chaque phase de votre cycle est unique et précieuse. À la prochaine fois sur “Le journal des Lunes”, le podcast qui revient tous les mois comme tes règles ou pas ! Merci de m’avoir écoutée.