Bienvenue dans cette nouvelle transcription de Le Journal des Lunes 🌙. Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Alice, consultante en communication digitale et marketing, qui nous a livré un témoignage sincère et inspirant sur son expérience de vie avec plusieurs maladies chroniques.

Alice nous partage son quotidien, les défis qu’elle rencontre, mais aussi les forces qu’elle a su développer pour avancer. Nous avons parlé de l’acceptation, de la gestion des douleurs et de la fatigue, ainsi que des stratégies qu’elle utilise pour équilibrer sa santé, sa vie personnelle, et son activité professionnelle.

Si vous avez manqué l’épisode ou souhaitez approfondir les sujets abordés, cette transcription vous permettra de plonger dans cet échange riche en authenticité. Un épisode à la fois puissant et réconfortant, qui montre qu’il est possible de vivre pleinement même avec des défis de santé.

Je vous invite à découvrir la transcription complète ci-dessous. Bonne lecture ! 🌿

Présentation de notre invitée : Alice, consultante en communication et webmarketing

Amandine : “Bonjour et bienvenue ! Nous avons l’honneur d’accueillir Alice pour un épisode sur le thème : Vivre avec plusieurs maladies chroniques. Merci d’être avec nous ! Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?”

Alice : “Oui, du coup, je m’appelle Alice, j’ai 23 ans, et je suis anglaise (si jamais ça peut influencer quelque chose). J’ai rencontré Amandine lors d’un événement à Lyon. Je sais pas, il y a eu comme un espèce de coup de poudre, genre : « Bon, bah, tu as besoin d’aide, moi aussi », et voilà, go ! Et en fait, ça fait quoi… presque deux ans maintenant ? Enfin, un an et demi qu’on se suit mutuellement.”

Amandine : “comment ça va aujourd’hui ?”

Alice : “Eh ben, écoute, ça va ! Je suis super fatiguée, j’ai l’impression qu’on est en fin de semaine… alors qu’on n’est même pas encore vendredi !

Mais tu vois, aujourd’hui, ouais, je me sens super positive. Je sais pas si c’est parce qu’on enregistre ce podcast avec toi, mais ouais, je me sens hyper bien, tu vois.”

Amandine :  “est-ce que tu sais dans quelle phase de ton cycle tu es actuellement ?

Alice : “J’étais sûre que tu allais me poser un truc comme ça, en plus ! J’ai étudié un peu… Alors, non, mais je pense que je ne vais pas tarder à ovuler, parce que j’ai eu mes règles 10 jours en avance. Normalement, j’aurais dû les avoir aujourd’hui, mais je les ai eues le 18. Du coup, je pense que mes petits… mes petits ovaires, là, ont commencé à travailler un petit peu, tu vois.”

 

Alice et ses premières règles, avant les maladies chroniques 

Amandine : “On va reprendre un petit peu, bah, depuis le début. Avant même qu’il y ait ovulation de ton côté… Est-ce que tu te souviens de tes premières règles ?”

Alice : Oh là là, c’est une histoire super drôle ! Mes premières règles… Alors, il y avait les amis de mes parents à la maison, ils étaient venus nous rendre visite d’Angleterre. Et ma grand-mère m’avait acheté un pyjama tout-en-un, tu sais, avec une capuche et une fermeture éclair. Mais c’était une licorne ! Donc j’avais une corne de licorne sur la capuche, et le pyjama était tout blanc.

Je me rappelle, j’étais dehors en train de jouer avec mon chien de l’époque, quand, tout d’un coup, je me suis dit : « Il y a un truc qui coule sur mes jambes, je sais pas trop ce qui se passe. » Je suis allée aux toilettes et, bah, voilà, j’avais du sang sur mon pyjama de licorne.

Du coup, j’ai couru voir ma mère en criant : « Maman, je suis en train de saigner, je sais pas ce qui se passe ! » J’avais mal au ventre, et en fait, je crois que cette histoire est drôle et que je l’ai bien vécue parce que… j’étais habillée comme une licorne ! Je pense que ça m’a vachement aidée à digérer l’idée d’entrer dans cette étape de jeune fille, avec mes premières règles.

Ma mère me l’a super bien expliqué, je crois, parce qu’elle est infirmière, et ça aide énormément. On est aussi très ouverts d’esprit dans la famille, donc mon père était au courant, mes grands-parents aussi. Ils m’ont tous accompagnée ce jour-là, et même pendant toute la semaine où j’ai eu mes règles.

C’était vraiment un moment spécial, je dirais, pour moi et pour ma mère. Ça nous a connectées sur plein de choses.”

Amandine : “Avant ça, avant ce jour-là, est-ce que vous aviez eu des discussions, ou bien ça t’a prise totalement par surprise ? “

Alice : “On avait eu des discussions, oui. Un jour, ma cousine, qui est plus grande que moi, était venue chez nous. Elle avait ses règles et un tampon dans la main. J’étais dans la salle de bain avec elle, et je ne savais pas ce que c’était. Je l’ai vue le mettre, et je me disais : « Mais qu’est-ce qu’elle fait ? C’est super bizarre ! »

Du coup, j’en ai parlé à ma maman. Je devais avoir 6 ou 7 ans. Ma mère m’a expliqué ce que c’était d’avoir ses règles, pourquoi ça arrivait, et que chaque femme était différente. Elle n’a pas tout détaillé à l’époque, mais elle m’a donné une idée générale.

À ce moment-là, ma mère était aussi en pleine ménopause, et elle m’a expliqué ce que c’était. Elle l’a très mal vécue : elle était souvent en colère, très fatiguée, elle avait de l’acné, des bouffées de chaleur, une prise de poids… Donc moi, à un jeune âge, j’ai vu ma mère changer au quotidien.

Elle m’a expliqué ce côté-là aussi, ce que ça voulait dire d’être une femme, une fille, et que, voilà, c’était pas toujours tout beau tout rose.”

Amandine : “C’est chouette d’avoir cette communication-là, parce que ce n’est pas forcément toujours le cas. C’est vrai que, du coup, ça peut être hyper flippant quand t’es pas préparée et que tu ne sais pas ce qui t’arrive. Un peu comme Carrie, pour ceux qui connaissent la ref. Ça doit être vraiment affreux d’avoir l’impression, bah… de mourir, clairement.

Et après ça, est-ce que tes règles sont arrivées de manière régulière, ou comment ça s’est passé, l’installation de tes cycles ?”

Alice, la puberté, les cycles menstruels et le début des problèmes 

Alice : “C’est vrai que je me rappelle plus trop de mes premières années avec mes règles. Tout ce que je sais, c’est qu’au début, j’avais pas trop mal. Ça me tirait un peu, mais quand j’avais mes règles, j’étais pas trop inconfortable. Et puis, moi, je faisais beaucoup d’équitation et de moto quand j’étais petite, donc j’avais un sport qui faisait que, physiquement, ça me vibrait dans tous les sens.

Je pense que la première fois où j’ai vraiment commencé à mal vivre ça, c’était vers 14 ou 15 ans. J’étais en cours, super mal au ventre d’un coup, un inconfort horrible, j’avais besoin d’aller aux toilettes, tu vois… J’étais vraiment pas bien. J’avais aussi une bouffée de chaleur, et je me rappelle que ma mère est venue me chercher à l’école parce que je me suis dit : « Je vais mourir en fait ». C’était un peu un mythe, mais sur le coup, j’étais paniquée.

Du coup, on est allées voir mon médecin traitant, et là, on a découvert que je saignais énormément pendant mes règles. Je ne savais pas du tout, je pensais que c’était normal. Je n’en parlais ni avec mes copines ni avec ma mère. Et à partir de ce moment-là, on a commencé à surveiller. À 14-15 ans, je suis allée voir un gynécologue pour la première fois, justement pour comprendre pourquoi je saignais autant et pourquoi j’avais autant mal.

Je me suis dit : « Si tous les mois, ça va être comme ça pendant une semaine, j’ai trop peur »… Parce qu’avec mon sport, l’école, et tout, c’était vraiment pas facile. Je me rappelle qu’une fois, en cours d’anglais, j’ai dû mettre un cahier sous mes fesses parce que j’avais un pantalon noir et une serviette hygiénique, et j’ai tellement saigné que ça a trempé la serviette. Quand je me suis levée pour aller au tableau, j’ai vu qu’il y avait un peu de sang sur la chaise, et je sentais que j’étais inconfortable dans mon pantalon. J’ai paniqué, alors j’ai mis mon cahier en dessous pour que ça ne se voie pas. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me dire : « En fait, c’est un calvaire d’avoir ses règles, je veux pas revivre ça tous les mois. » Et c’est là que j’ai vraiment commencé à stresser.”

Amandine : “Malheureusement, le coup du débordement de la serviette, c’est une anecdote qui revient hyper souvent quand je discute avec les personnes autour de moi. Et on prend trop ça à la légère, comme si c’était normal. Alors qu’en fait, normalement, ça devrait tenir au moins 4 heures. Si ça ne tient pas 4 heures, c’est qu’il y a un souci, quoi, le flux est trop abondant. J’ai rencontré trop de nanas pour qui c’était totalement banalisé, qui en mettaient deux à la fois, ou qui devaient en mettre je ne sais combien la nuit, plus deux ou trois culottes. Et en fait, même avec toute la bonne volonté du monde, leur mère leur disait : « Bah ouais, c’est comme ça. »

Alice : “C’est intéressant parce que clairement, moi je suis née en 2001, donc c’était pas si longtemps que ça, et je pense que par rapport à toi, même par rapport à la génération de ma mère, l’évolution des discussions sur les règles et tout ça a vraiment évolué.

Mais un truc qui me traumatisait, par exemple, c’était les profs, les gens qui nous encadraient dans le milieu scolaire. Pour moi, ils n’étaient pas assez informés ou pas assez ouverts pour en parler. Je me rappelle qu’une fois, en 4e, j’avais dit à ma prof que j’avais mes règles et que je ne pouvais pas aller faire de la natation, et elle m’a répondu : « Ce n’est pas parce que tu as tes règles que tu ne peux pas aller à la piscine. Tu mets un tampon, et c’est bon. » Et ça, elle l’a dit devant toute la classe.

J’étais assez grande pour me défendre, mais sur le coup, je me suis sentie super gênée, tu vois. Parce que quand tu as cet âge-là, tu ne veux vraiment pas que les garçons sachent, enfin, c’était tout un micmac, quoi. J’espère vraiment que ce genre de discours a évolué, mais ça m’a marquée.”

Amandine : “Malheureusement, je ne pense pas que ce soit tout le temps le cas, et on a encore trop de discours sur la banalisation de la douleur, sur la banalisation des flux très abondants... ouais, et puis cette idée de mettre la honte, comme si en parler ou même les avoir, c’était un peu honteux, qu’il fallait pas en parler, qu’il fallait à tout prix cacher ça, qu’il fallait prendre sur soi quand on fait du sport…

Malheureusement, j’ai l’impression que ce n’est pas toujours intégré, que non, ce n’est pas normal tout ça. C’est totalement naturel, et c’est grâce aux menstruations qu’on peut donner la vie. Donc, au contraire, c’est merveilleux, c’est un vrai miracle de la nature. C’est dommage que ça ne soit pas vu comme ça plus souvent.

On est au moment de ton adolescence. Est-ce que pour toi, il y a eu d’autres changements à la puberté, dans ton corps, dans l’image que tu avais de toi-même ? Est-ce que, je sais pas, est-ce que tu as eu de l’acné ?”

Alice et son rapport à la contraception 

Alice : “Non, j’ai de la chance, je n’ai jamais eu d’acné. Par contre, mes règles, ça m’a vachement affectée. À 15-16 ans, quand j’ai commencé vraiment à avoir mal et me rendre compte que c’était pas normal, je suis allée au planning familial près de chez moi. Ils m’ont mise sous, je crois que c’était Opova, une pilule justement pour essayer de réguler tout ça, parce que mes règles étaient irrégulières, je les avais parfois deux fois par mois, enfin c’était terrible. Du coup, l’infirmière là-bas m’a dit qu’on allait essayer une pilule.

Le désamour de la pilule 

J’étais jeune, je n’avais pas dit à ma mère, parce que toutes mes copines prenaient la pilule, mais c’était pour d’autres raisons, pour avoir des rapports avec des garçons, alors que moi, ce n’était vraiment pas dans cette optique-là. C’était vraiment pour essayer de canaliser mes flux et de gérer mes règles. Ma mère a trouvé mes pilules dans mon sac un jour, car à 15 ans, j’étais partie vivre dans mon appartement toute seule, même si j’étais revenue chez mes parents après. Elle ne m’a pas parlé pendant deux jours, elle pensait que j’avais eu des rapports et que je me protégeais avec la pilule. Quand on a eu la discussion, elle a compris et m’a dit : « Ok, mais on va aller voir un gynécologue pour en parler et voir ce qu’il propose. »

À partir de 15 ans et demi, 16 ans, j’ai continué la pilule pour couper mes règles. Ça m’arrangeait parce qu’avec le sport que je faisais et le rythme que j’avais, je me disais : Trop cool, plus de règles, plus de problème. Mais au fur et à mesure, j’ai commencé à voir que mon corps n’était pas du tout content. J’avais des migraines, je prenais du poids, j’étais tout le temps fatiguée et j’avais des sautes d’humeur assez intenses. Mais je n’ai jamais pensé que c’était la pilule, je pensais que c’était l’adolescence, que c’était peut-être ma vie, je ne sais pas.

Quand je suis arrivée à Lyon, il y a deux ans, j’avais entre 21 et 22 ans, j’ai consulté un gynécologue qui m’a dit : « Tu arrêtes tout de suite ta pilule, tu prends ça depuis trop longtemps et ton corps ne le supporte plus. » Elle m’a dit que je risquais vraiment des complications, alors j’ai commencé à faire plein de tests de fertilité, des examens sur mes ovules, mes follicules, etc. J’ai arrêté la pilule et là, mon corps était beaucoup plus heureux. Il était naturel, je commençais à vraiment connaître mon corps avec mes règles et mon cycle naturel.

Alice : le cauchemar du stérilet

Je pense que, vu que je faisais un sport assez intense, mes hormones n’étaient pas super bien réglées, en plus de la pilule, ce qui a décalé beaucoup de choses. J’ai aussi essayé un stérilet, mais j’ai gardé ça seulement trois mois. La pose était un vrai cauchemar, j’en fais encore des cauchemars. Tout était… enfin, c’était très graphique, mais tous mes orifices étaient affectés. J’étais en train de pleurer chez la gynécologue, parce que la pose du stérilet m’a fait tomber dans les pommes trois fois. C’était horrible, et pour la gynéco, c’était « normal », mais je ne suis pas d’accord. Pendant ces trois mois, j’ai fait des hémorragies et j’ai dû aller aux urgences plusieurs fois, c’était insupportable.

Je l’ai enlevé, et ça fait maintenant plus d’un an que je n’ai plus rien, je suis suivie par ma super naturopathe. Mon corps me remercie, et je me remercie aussi, parce que je me sens enfin libérée et j’apprends à connaître mon corps naturellement.

Amandine : “Tu as vraiment eu un parcours difficile aussi, c’est fou. C’est vrai que souvent, on ne nous prépare pas suffisamment à ces démarches, surtout pour des choses aussi invasives que la pose d’un stérilet. On te donne parfois des informations au dernier moment, et ça peut devenir un véritable cauchemar, surtout quand on ne nous explique pas bien les étapes ou qu’on ne nous prépare pas à ce que notre corps peut ressentir.

Je vois que tu t’es battue avec les douleurs pendant un long moment, c’est dur, surtout quand on est dans l’ignorance de ce qui nous arrive. C’est un peu comme un cercle vicieux, où tu essaies quelque chose en espérant que ça va t’aider, mais ça finit par empirer les choses. En tout cas, bravo d’avoir fait le pas de trouver une méthode qui te correspond mieux maintenant. C’est clair que la méthode symptothermique a dû être un gros changement, mais le fait de prendre ton corps en main et d’écouter ce qu’il te dit, c’est super important.

Je comprends que tu aies mis du temps à accepter que certaines choses n’étaient pas faites pour toi. La pression qu’on a par rapport à la contraception, la peur de tomber enceinte, le manque de soutien, tout ça, c’est pas facile à gérer, surtout quand les solutions proposées nous causent plus de tort que de bien. C’est vraiment inspirant de voir comment tu as su prendre du recul et enfin trouver ce qui te convient le mieux.”

Alice : “Ah c’est ouf, mais j’ai plein de copines qui ont vécu ça pareil. Moi, quand j’ai posé mon stérilet, je leur ai expliqué mon expérience, elles m’ont dit « ouais mais moi, j’ai rien eu du tout, ça m’a pas fait mal ». Ce qui m’a dérangé avec la pose, c’est le fait qu’elle ne m’ait pas assez expliqué comment ça se passait. Ma mère, elle a pas voulu m’expliquer, elle m’a dit « soit tu le fais, soit tu le fais pas, je t’expliquerai après », parce qu’elle me connaît. Je pense qu’elle m’a dit ça parce qu’elle savait que j’allais avoir mal, mais je pense qu’elle aurait dû m’expliquer un peu plus avant, tu vois ?

Et moi, sur mon ordonnance à la fin, il y avait marqué « jus de fruits ». Je vais à la pharmacie, je demande « vous avez du jus de fruits ? » Et la pharmacienne me dit « non madame, ça, c’est pour vous ». Quand je suis arrivée chez la gynéco, je lui ai demandé pourquoi j’avais écrit « jus de fruits », je pensais que c’était pour dilater le col, mais elle m’a répondu « non, c’était juste pour pas que vous tombiez dans les pommes ». Sauf que ça a complètement raté, et elle ne m’a pas du tout expliqué comment ça allait se passer. Du coup, j’étais un peu paumée, je regardais, et là, elle sort des trucs de barbecue pour choper le col. Et moi, je lui ai dit « certainement pas, c’est pas possible ». C’était horrible en fait. Mais il y a plein de gens qui vivent ça différemment, dans mon entourage, il y en a qui l’ont super bien vécu, comme toi, et moi, je l’ai super mal vécu, tu vois ?”

Amandine : “Ouais, ça dépend, ça dépend vraiment. Maintenant, on le fait sur des jeunes femmes et des femmes qui n’ont jamais eu d’enfant, mais effectivement, ça aide quand elles en ont déjà eu, parce que le col est plus plastique, l’utérus est plus grand aussi, donc il y a moins de forçage, même si chez les nullipares, on utilise ce qu’on appelle des « shorts ». Ce sont des stérilets tout petits, vraiment minuscules quand tu les vois déplier, mais c’est quand même un acte invasif, en fait. Normalement, le corps n’a pas de pénétration d’objet à cet endroit-là, donc ça peut être vécu de manière très violente.

Mais moi, par contre, la dépose, ça ne s’est pas du tout passé pareil. Déjà, j’étais chez une sage-femme, quelqu’un qui était beaucoup plus au fait de la physiologie du corps de la femme, de comment ça se passe et tout. Elle était beaucoup plus douce aussi. Et on savait que j’avais des antécédents d’agression sexuelle, donc elle m’a dit : « Si vous voulez, pour les examens, tous les moments, on peut se mettre en position à l’anglaise », c’est-à-dire en chien de fusil sur le côté pour la personne qui fait l’examen. Ça ne change rien, parce que comme elle m’a dit, de toute façon, le col de l’utérus, c’est un donut, donc que je le mette en avant, en arrière, en bas, en haut. Effectivement, quand elle m’a retiré le stérilet, et pour le coup, je sais que j’avais mes règles, je m’en souviens bien, je n’ai rien senti du tout, aucune douleur, aucune résistance. J’étais en confiance, tout s’est bien passé. Et je pense que si ça avait été elle qui me l’avait posé, je n’aurais pas vécu la pose de la même manière, en tout cas.

Donc, pour dire à nos auditrices qui voudraient se faire poser ou se faire retirer un stérilet, ce n’est pas censé faire mal, voilà, ce n’est pas censé être super douloureux comme ça. Si ce n’est pas le cas, et si, comme nous, vous avez des douleurs chroniques ou des antécédents, de violence sexuelle ou de trauma, demandez à changer la position. Ça peut tout changer. Moi, maintenant, j’y vais limite les yeux fermés parce que je ne sens rien, même le spéculum sur le côté.”

Alice : “Vraiment, non, faudrait que je tente, parce que moi, le spéculum, tu vois, mon corps le rejette.”

Amandine : “Non, mais moi, je le vivais super violemment, en fait. J’étais pas bien, je faisais limite des crises de panique avant. Pareil, et en plus j’avais trop peur, parce que mes anciens gynécos, à chaque fois que j’y allais, je me faisais examiner, examen à poil… ça m’est arrivé plusieurs fois, parce qu’on faisait la palpation des seins, et après l’examen avec le spéculum et tout. Et du coup, là, hop, en haut, en bas, tout est écarté. Ah mais c’est humiliant ! C’est possible de dire à nos auditrices, euh, qu’il n’y a pas besoin, vous pouvez garder le haut quand vous vous examinez en bas, et inversement. En tout cas, moi, c’est comme ça que ma sage-femme me propose, et c’est très, très bien. Et dès que c’est fini, je peux vite me rhabiller, il n’y a pas de souci. Elle m’explique tous les gestes, elle me demande si c’est OK à chaque fois. Le consentement est renouvelé. Donc franchement, ça, ça change tout à ce niveau-là.

Tu parlais de ton vécu avec la contraception et tout, et du fait que, bah, ça fait finalement pas très longtemps que tu n’as pas de technique, on va dire, médicalisée pour la contraception. Est-ce que c’est à ce moment-là que tu t’es rendu compte qu’il y avait quelque chose qui clochait avec ton cycle ?”

Alice : quand les règles tournent mal ou le début des maladies chroniques

Alice : “Je pense que c’est là que j’ai commencé à avoir mes règles régulièrement, beaucoup. Et c’est à ce moment-là que je me suis dit « bon, bah peut-être qu’il y a quelque chose ». Entre-temps, j’avais appris que j’avais la maladie de Hashimoto, donc ma thyroïde était en jeu aussi. Il y avait énormément de choses. À cette époque-là, j’habitais aux États-Unis, donc j’avais l’accès aux soins médicaux, mais je t’avouerai que j’avais jamais été voir un gynécologue là-bas. J’étais allée aux urgences une fois, il y en a un qui est descendu, mais je l’aurais dû. Mais je l’avais pas fait, parce que j’avais peur.

Quand je suis allée en Angleterre pour finir mes études, pareil, j’avais pas vu de gynécologue. C’est quand je suis revenue en France que j’ai tout arrêté, que là je me suis dit « ok, je vais quand même me faire suivre, vraiment, par un gynécologue ». Ils n’étaient pas très utiles, j’en ai eu deux je crois. La première me dit : « Ouh là, madame, avec les résultats qu’on a fait sur vos ovaires et vos follicules, moi je vous propose de les congeler, de les prélever et de les congeler« . J’avais 22 ans ! Je t’avouerai qu’à 22 ans, je me voyais mal vivre un traumatisme physique et psychologique comme ça.”

Alice et son cheminement en naturopathie : apaiser les maladies chroniques naturellement

“Et du coup, c’est là où je t’ai rencontrée. Et je pense qu’en parlant avec toi, avant même qu’on fasse une séance de suivi, quand on s’était rencontrées à l’événement, j’écoutais en fait, quand tu parlais aux gens. J’étais derrière, un peu comme une stalker, et j’écoutais ce que tu disais, parce que tu parlais du lien entre la thyroïde et l’utérus, et je me suis dit « Oh, ça parle de moi, c’est génial, attends que j’écoute ». Et en fait, c’est à ce moment-là que je me suis dit « Ah merde, en fait, peut-être qu’il y a quelque chose qui cloche, peut-être qu’il faudrait que je regarde« .

J’avais un petit peu perdu confiance en la médecine traditionnelle, parce qu’à chaque fois que j’avais quelque chose, on me disait « non, mais t’as rien« . Ou bien, c’était soit « c’est rien« , soit « on va te prélever et congeler tes ovules« , tu vois. Donc, c’était soit rien, soit tout. Et en fait, quand j’ai commencé à regarder un peu la naturopathie, la sophrologie, plein de choses comme ça, je me suis dit « Mais en fait, tout d’abord, faut que je comprenne comment mon corps fonctionne« . Parce qu’effectivement, je pense que je ne comprenais pas du tout comment mon corps marchait.

Tu m’as donné des conseils, des remèdes, enfin des trucs. Tu vois, tu m’as expliqué comment mon corps fonctionnait, et ça m’a éclairci énormément de choses. Parce que quand tu me disais, par exemple, « il y a quatre phases au cycle« , je n’étais pas du tout au courant. Moi, je pensais que tu saignais, et bam, c’était fini, t’avais terminé, merci au revoir. Pas du tout ! Que ta température varie en fonction des phases de ton cycle, enfin plein de choses qui, en fait, maintenant, depuis un an et demi qu’on se consulte, je comprends. Je comprends qu’avant mes règles, je suis comme ça, après je suis comme ça, et quelques semaines après, je suis comme ça. Et en fait, ça explique énormément de choses.

Je pense que ça m’a aidée dans ma vie pro, parce que je sais à quel point je vais être hyper créative, productive, et que je vais pouvoir y aller à fond les ballons. Et je sais à quel moment, maintenant, je vais me dire « Bah, cette semaine, je vais pas trop me pousser, parce que je suis pas du tout dans le mood et j’ai pas envie de me rendre malade« . 

C’est un peu le même principe pour moi dans ma relation perso, avec mon copain, parce que c’est un mec, tu vois, un vrai mec. Il porte des TN, c’est un vrai garçon, un vrai mec quoi. C’est un routier. Il pensait pas que le cycle menstruel de sa meuf était à planifier, tu vois. Maintenant, il sait quand j’ai mes règles, il sait pourquoi je suis comme ça, pourquoi je suis comme ci. Il m’aide, par exemple, quand j’ai des hémorragies, des choses comme ça, le stérilet, tout ça. Il est là pour m’aider et essaie de comprendre.

Je pense qu’avant toute chose, il faut comprendre comment son corps fonctionne. Et je dis bien « son corps », parce que tout le monde a un corps différent, homme, femme, non-binaire, etc. On a tous un corps différent, avec un système qui marche différemment. Par exemple, Amandine, tu as tes spécificités, tu as plein de choses. On a le même fonctionnement, on est toutes les deux filles et femmes de naissance, mais nos corps fonctionnent complètement différemment en fait. Donc, il faut comprendre son corps, le sien, personnellement, avant de commencer à se dire « Bon bah, c’est peut-être telle maladie« , et commencer à mettre en place des choses qui peuvent nous aider. Je pense que sinon, on part dans l’aveugle. Soit ça marche, soit ça ne marche pas.”

Amandine : “Ce genre de récit, de défiance vis-à-vis du corps médical, j’en ai beaucoup en consultation. Alors, pour rappel, pour nos auditrices, moi, jamais je ne vous dissuaderais d’avoir un vrai suivi médical, surtout quand il y a de vraies pathologies. Au contraire, j’aimerais pouvoir communiquer avec vos médecins, avec vos spécialistes, pour qu’on ait un suivi le plus ajusté possible et ne pas faire de bêtises ni d’un côté ni de l’autre. Finalement, parce qu’on ne connaît pas bien le métier de l’autre. Moi, j’ai des bases en physiopathologie, mais ça n’a rien à voir avec un spécialiste.

Après, je suis très spécialisée sur le corps de la femme, sur le cycle menstruel. Il y a peut-être des médecins qui n’ont pas autant de connaissances que moi, qu’ils veulent le reconnaître ou pas, malheureusement, ce manque de communication, ce manque de pédagogie, d’écoute, ça coûte aux patientes elles-mêmes, parce qu’elles finissent par totalement se détacher du système médical. Parfois, il y a des choses graves qui peuvent avoir lieu, parce que quand il y a une opération à faire, la naturopathie, ce n’est pas ça qui va vous aider. Vous pouvez diminuer les symptômes, mais clairement, si un fibrome doit être enlevé, je ne peux rien faire pour vous.

Donc vraiment, si vous n’avez pas de médecins en qui vous avez confiance, ça peut être dramatique. Et je trouve ça vraiment dommage. J’ai l’impression qu’il y a des choses qui bougent, mais en France, je trouve qu’on est encore à la ramasse sur ce genre de sujet. Il n’y a pas ce temps-là qui est pris, juste pour écouter, entendre la femme, la personne, ses peurs, ce qui peut l’amener à avoir potentiellement des symptômes plus forts. Un petit peu de temps pour dire « là, c’est censé se passer comme ça, là ça se passe comme ça, donc il y a un petit souci« .

Les examens qu’on va faire, pourquoi on fait ces examens. Malheureusement, la plupart du temps, il y a peu de temps qui leur est accordé, on est d’accord, mais il y a aussi une absence de pédagogie et de formation sur comment s’adresser aux gens tout simplement. Parce que les gens, ce sont des personnes, des êtres humains, qui ont un petit cœur, et les pathologies gynéco, de mon vécu, de mon expérience, en plus, ça a souvent un lien avec des événements pas très cool.

Si vous pouviez, s’il vous plaît, prendre des gants, ce serait sympa, parce qu’on n’a pas besoin de se faire boxer en plus avec des résultats affreux et des termes médicaux un peu effrayants. Mais bon, pour dire quand même, allez consulter, faites-vous accompagner. Mais effectivement, j’entends la douleur, et j’entends la détresse derrière. Et c’est ce que je propose en suivi. C’est avant tout de la pédagogie, de l’éducation pour vous redonner quelques clés de compréhension. C’est hyper important.

Ce que tu disais sur la congélation des ovocytes, effectivement, à mon sens, c’était sans doute prématuré à ton âge. Mais quand on a un diagnostic comme un SOPK ou une endométriose, ou le cumul des deux, et qu’on se rend compte jeune, c’est une question qu’on peut se poser de faire congeler les ovocytes, parce que ça conserve des chances de conception plus tard, pour le moment où la personne voudra concevoir, même si à l’instant, ce n’est pas son cas. Mais malheureusement, parfois, après, c’est trop tard. On arrive à la fin de la trentaine, on ne s’est pas du tout pris en charge au niveau de la fertilité, parfois on arrête tout juste la pilule et on se rend compte qu’on n’a plus du tout de réserve d’ovocytes, et là, c’est la catastrophe.

J’avoue que si j’avais été au courant de toutes ces choses, même quand on m’a posé le diagnostic de SOPK en 2017, je me serais posé la question. Moi, à cette époque-là, on ne pouvait pas faire congeler les ovocytes, c’était pas légal. Ce n’est pas comme aux États-Unis. Mais si ça avait été accessible, je me serais vraiment posé la question, parce que je ne voulais pas me réveiller en fin de trentaine en me disant : « Ah mince, en fait, si j’aimerais avoir un enfant ». 

On n’est pas du tout sensibilisés sur ce genre de choses. Moi, j’écoute un podcast américain d’une gynécologue spécialiste de l’infertilité qui dit : « Pensez-y, fin de vingtaine, même milieu de vingtaine, si vous êtes au courant que ce n’est pas encore un projet, ça pourrait sauver des chances de grossesse plus tard« .

Alice : “Mais c’est super invasif comme procédure, enfin, ce n’est pas juste simplement on arrive, on aspire, on congèle. C’est hyper…traumatisant, aussi bien physiquement que psychologiquement.”

Amandine : “Ouais, mais malheureusement, on se retrouve de plus en plus face à des femmes qui sont en incapacité de tomber enceinte naturellement, avec de plus en plus de pathologies gynécologiques, et en plus non diagnostiquées, que ce soit l’endométriose ou le SOPK. Il y en a, dans la plupart des cas, qui ne sont pas diagnostiquées. Donc on se retrouve avec des statistiques qui ne sont pas forcément réalistes par rapport au nombre effectif de patientes qui souffrent de ces pathologies. On en a parlé en consultation. Moi, je reste persuadée que tu as une endométriose, mais le temps pour poser le diagnostic est beaucoup trop long. Ce qui fait que, quand on veut prendre les choses en charge le plus tôt possible, pour conserver le capital fertile et, tout simplement, pour conserver un bien-être au quotidien, c’est compliqué. C’est compliqué.”

Alice : “Lundi non, mardi soir, bref, j’ai été voir un gastro-entérologue parce que dès que je mange, je gonfle, j’ai de gros problèmes à l’estomac, et du coup je me suis dit : « Bon, je vais quand même aller voir un gastro-entérologue pour voir ce qu’il en pense. » Il m’a vaguement diagnostiquée avec le syndrome de l’intestin irritable, ce qui ne me surprend pas du tout. Ce monsieur, ce docteur, il est proche de la retraite, c’est un vieux monsieur. Il m’a regardée en consultation et m’a dit deux choses : « Est-ce que vous avez une endométriose ? » Je lui ai demandé pourquoi, et il m’a répondu : « Parce que digestion, tout ça, ça peut avoir un lien. » 

Je lui ai dit : « Bah je ne sais pas, justement, il faut que j’aille consulter. » Il m’a regardée et m’a dit : « Moi, je vais pas vous prescrire de médicament ou de coloscopie ou de fibroscopie ou quoi que ce soit. Par contre, je vous conseille d’aller voir une sophrologue ou une naturopathe. » Un vieux monsieur, un vieux docteur, le docteur Mena, qui est génial, et qui m’a dit ça. Du coup, ouais, ces deux choses m’ont surpris. Enfin, ça m’a vraiment étonnée de venir d’un homme, déjà, dans un cabinet de gastro-entérologie, à 70 ans. 

Je me suis dit, « Wow, en fait, enfin un médecin qui comprend un peu plus la pathologie de quelqu’un. » Il m’a posé plein de questions, et je lui ai dit : « Bah j’ai une naturopathe justement qui est géniale. » Et c’est vrai, depuis que je la vois, je me sens mieux, mais j’ai quand même toujours des petits trucs. Je pense que c’est vraiment très médical, tout ça. Et il m’a dit : « Non, mais continuez de voir une naturopathe, faites de la sophrologie, de la réflexologie, tout ça. » Ça m’a vraiment fait plaisir, et du coup, j’ai fait confiance. Parce qu’il a évoqué le fait que l’endométriose pourrait avoir un lien, et tout ça. C’est rare, en fait, que des soignants dans un domaine spécifique te disent « Peut-être que ça peut être en lien avec un autre truc. » Donc, c’est vrai que ça m’a fait rire, et j’ai pensé à toi du coup.”

Amandine : “Ah, mais heureusement qu’il y en a, des personnes qui ont de l’expérience et qui savent faire les liens. Mais justement, que tu parlais de ça, est-ce que tu peux brièvement dire un petit peu quels sont les symptômes que tu as, pour les auditrices qui nous écouteraient et qui, peut-être, pourraient se reconnaître et se dire : « Ah bah, c’est peut-être ça, il faut que je me fasse accompagner » ?”

Alice et sa gestion de ses symptômes au quotidien : la vie avec plusieurs maladies chroniques

Alice : “Alors, ouh là là, il y en a tellement, en fait, ça change tout le temps, mais pour moi, ça se passe vraiment au niveau du bas du ventre. Ça a commencé… Je ne sais pas si c’est moi ou d’autres personnes, mais le centre, par exemple, quand j’ai mon stérilet, je le sentais. Tout le monde me disait que c’était pas possible, mais je le sentais quand je bougeais de droite à gauche, je le sentais. Donc je trouve que j’ai une connexion avec mon corps ou mes organes à l’intérieur, un peu bizarre. Et du coup, je sentais mon utérus et mes ovaires. Je les sens. 

Et en fait, j’ai commencé à me dire : « Mais j’ai l’impression d’avoir une boule vraiment en bas du ventre. » Et une douleur… Quand j’essaie de la décrire à mon copain, parce que c’est dur de décrire la douleur, c’est une douleur très aiguë qui peut durer 2 secondes, comme 30 secondes, ou être un peu plus longue. Et j’essaie de lui expliquer : c’est comme si quelqu’un te mettait un couteau dans le bas du ventre, le tournait, et d’un coup, te l’enlevait. Et du coup, il ne comprenait pas. Il me disait : « Oui, ben ça fait mal. » Je lui ai dit : « Imagine que je te mette un coup de pied dans les testicules de toutes mes forces. » C’est ça, la douleur que je ressens. Et là, il a commencé à comprendre. 

Mais c’est souvent, ouais, des douleurs en bas du ventre, dans le tractus digestif aussi. Je pense que je sentais que c’était lié. Et un truc qu’on a découvert aussi, c’est que j’ai l’utérus… Comment on dit ? C’est pas réversible, mais rétroversé. Rétroversé, voilà. Ce qui fait que, bah, quand j’ai besoin d’aller aux toilettes pour mes selles, par exemple, je sens une énorme pression sur mon rectum, à l’arrière. Et ça, c’est aussi quelque chose que je trouvais bizarre. 

C’est que tout mon tractus digestif et mon système reproducteur sont liés, parce que dès que j’ai mal quelque part, tout est lié. En fait, quand j’ai mes règles, mes selles sont différentes, parce que ça aussi, il faut en parler. C’est très important aussi d’examiner ça. Et je voyais que, quand j’avais mes règles ou que j’avais mal, ou que j’avais une crise, parce que je faisais aussi des cystites à répétition, eh bien, tout mon tractus digestif était affecté par ça. Et je voyais un grand changement dans tout. Mais je pense que ce n’est pas normal. Comme on dit, c’est normal d’avoir des petites douleurs, je pense, quand on a ses règles, le corps est en train de nous faire un petit micmac. 

Mais à en rouler par terre, à ce que votre mère vous donne de la morphine, je pense pas que ça soit normal. Et non, ce n’est pas normal. Il faut vraiment… Enfin moi, c’était vraiment les douleurs. En fait, dès que je bougeais, par exemple, quand je marchais, je sentais que j’avais comme une boule de ping-pong en bas, et dès que je marchais, je sentais que ça tirait, comme si c’était accroché à un élastique, et que l’élastique allait casser. Et j’avais tout le temps cette petite douleur-là. 

Et puis, très bizarre aussi, mais des douleurs à l’extérieur du vagin, à l’entrée du vagin, même en dessous. J’avais des fois des coups de poignard dans la vulve. Et c’était hyper désagréable, parce que je marchais et je me disais « Oh là là », des fois… Enfin.

Amandine : “Ce que tu décris, ça fait vraiment partie du tableau clinique de l’endométriose. C’est… ah ouais, vraiment case par case. D’où mon gros, gros soupçon là-dessus. Bien sûr, je ne peux pas poser un diagnostic, mais pour moi, c’est une quasi-certitude. Mais effectivement, tout ça, ce n’est pas du tout normal.

Pour celles qui ne connaîtraient pas, l’utérus, normalement, est placé vers l’avant, avec les ovaires et les trompes de Fallope qui reposent sur la vessie. Ils font un câlin, comme ça, comme deux branches d’arbre qui entourent la vessie. Quand on fait une écho, on voit les parois et tout de l’endomètre, voilà, à l’avant, normalement.

Quand on a l’utérus rétroversé, ça veut dire qu’il fait face à l’arrière. Donc, les trompes de Fallope et l’utérus s’appuient sur le rectum et sont dirigés vers l’arrière. La position du col change aussi, ce qui peut entraîner des douleurs lors des rapports sexuels, des douleurs plus importantes pendant les règles, et un transit altéré. Du coup, pendant les règles, notamment, mais ça peut être aussi, pour certaines, pendant l’ovulation. Si l’ovulation peine et que c’est très inflammatoire, on peut avoir une gêne aussi au niveau de la digestion.

Malheureusement, c’est pas quelque chose qu’on peut vraiment « prendre en charge », c’est-à-dire que le médecin ne va pas appuyer dessus ou le « remettre en place ». Ça ne se passe pas comme ça. Mais la position peut changer. Après une grossesse, par exemple, il peut se retourner vers l’avant. Il fait des petites pirouettes.

Cette position rend très difficile les examens. On voit très mal à l’imagerie parce que c’est très opaque. Comme il se retrouve de l’autre côté de la vessie, il lui tourne le dos. La visibilité n’est donc pas optimale. Si vous avez un soupçon d’endométriose, d’adénomyose ou autre, des médecins non spécialisés peuvent, déjà en général, passer à côté. Mais là, encore plus, parce que c’est très opaque.

Moi, par exemple, j’ai fait une IRM en juin, et on m’a dit : « Votre utérus est rétroversé, là. On n’a rien découvert, mais peut-être qu’il cache des lésions derrière, au niveau du sac du rectum, et ça, on ne peut pas les voir. » Ouais, parce que ça masque. Donc ouais, ça rend les choses un peu plus compliquées.

Les médecins ont tendance à le balayer un peu en disant : « Bah oui, bon, c’est une position, voilà, c’est comme ça. » Mais effectivement, même si ce n’est pas pathologique en soi, ça rend certaines choses plus compliquées. Et quand on a, en plus, une ou plusieurs maladies gynécologiques chroniques, ça augmente bien les douleurs, l’inflammation, la rétention…Dans tous les cas, c’est pas normal. Voilà, faut vraiment se faire accompagner.

Les techniques d’Alice pour apaiser ses symptômes en lien avec ses maladies chroniques

Justement en parlant d’accompagnement, tu nous as parlé de sophrologie, de naturopathie… Est-ce que toi, t’as des choses que t’as mises en place au quotidien, qui t’ont beaucoup soulagée ? Enfin, qui t’ont apporté un meilleur confort ?

Alice : “Je pense que, pas seulement avec mon cycle menstruel, mais dans ma vie en général, ce qui m’a vraiment aidée, c’est d’être régulière dans ce que je fais. Avant, je mangeais pas régulièrement, pas beaucoup, pas équilibré, et ça m’affectait, psychologiquement et physiquement, mais je ne m’en rendais pas compte. Je me disais : « Ça n’a rien à voir. » Et en fait, depuis que je consulte, notamment en naturopathie avec toi, j’ai compris à quelle heure il fallait que je mange, à quelle heure il fallait que je dorme, pour que ça soit régulier, pour que mon corps sache ce qu’il fait. Rien que ça, déjà, ça a vachement augmenté mon énergie, diminué la fatigue, et amélioré ma créativité. Dans le métier que je fais, j’ai besoin de créativité, que mon cerveau fonctionne sans brouillard.

Depuis un an, j’essaie de marcher plus, d’aller dehors, de manger un peu plus, un peu mieux, et je vois déjà de grands changements. Le deuxième truc, c’est d’aller vers le naturel, notamment les plantes. Depuis que je te vois, et je dis pas ça parce que c’est ton podcast, mais vraiment, tu m’as sauvé la vie. Quand je suis arrivée, j’avais les gencives qui saignaient, j’étais hyperactive mais je dormais tout le temps. Donc c’étaient des choses qui n’allaient pas ensemble. Je ne mangeais pas, c’était terrible. Aujourd’hui, j’ai plus les gencives qui saignent, je n’ai plus de gros ballonnements, je suis moins fatiguée, j’ai beaucoup plus d’énergie, parce que j’ai mis en place des choses qui, en fait, sont très simples et qui prennent pas énormément de temps.

Par exemple, utiliser des plantes, des élixirs. Quand j’ai mal au ventre, je me fais des massages avec des huiles, des trucs comme ça, et ça aide vraiment, assez rapidement, et sur le long terme, ça améliore le confort. Aussi, ça change le rapport que j’ai avec mon corps. Quand j’avais mal au ventre avant, quand j’étais plus jeune, et que j’avais mes règles, je me donnais limite des coups dans le ventre tellement j’avais mal. Je voulais que ça s’arrête. Maintenant, j’ai transformé ça : je me fais des massages, et j’ai compris que, quand je suis ballonnée ou que j’ai mes règles, je peux me masser d’une certaine manière, et ça me détend. Ça m’aide psychologiquement, ça aide mon corps, et ça me rapproche de mon corps. C’est bizarre, mais je me dis qu’il y a moi et mon corps, et parfois, on est déconnectés. Depuis que je fais ces petites choses, que je prends le temps de m’écouter, de regarder dans le miroir, de me dire : « Ok, là, t’es ballonnée, c’est pas grave, ça arrive« , c’est comme si je m’acceptais davantage.

J’écris aussi ce que je ressens, je parle, j’écoute des podcasts, je lis des trucs intéressants sur le cycle. Ce sont des choses qui aident. En un an et demi, j’ai vu une évolution énorme dans l’image que j’ai de moi-même. Même si parfois j’ai encore du mal, ça revient, grâce à tout ça. Le fait d’en parler autour de moi, de ce que je ressens quand j’ai mes règles, des douleurs que j’ai eues cette année, ça m’a aidée à comprendre qu’il y a d’autres personnes dans ma situation, ou dans des situations différentes. Ça fait du bien de savoir qu’on n’est pas seul, qu’on n’est pas un alien, qu’on n’est pas la seule à souffrir.

Quand je fais mes courses, je me dis que je vois sûrement des femmes qui, comme moi, souffrent en silence. Et je me dis, si on en parlait plus, on pourrait s’entraider, se donner des conseils, comprendre qu’il y a encore tellement de choses à découvrir sur le cycle, sur le pourquoi du comment. En parler avec ma mère, ses collègues, mes proches, ça m’a vachement aidée. Quand on me dit : « Toi, tu fais ça ? Eh bien, viens, je vais essayer« , c’est hyper enrichissant. Par exemple, quelqu’un me dit de me mettre sur le côté, de me balancer un peu, ou de me masser, et je me dis, ok, j’essaye.

Ça m’a changé la vie, ça a changé ma relation avec mon copain, avec mon corps, avec mes parents. C’est pas un miracle, mais ça aide énormément à vivre, et ça donne une qualité de vie un peu meilleure.”

Amandine : “Franchement, c’est super chouette. En tout cas, merci pour tes partages, parce que je pense que ça fait du bien, même à celles qui nous écoutent, de voir qu’il y a quand même une lumière potentielle au bout du tunnel. Même si c’est pas parfait, c’est toujours agréable d’entendre qu’on peut aller mieux, que c’est pas forcément une fatalité.

Pour récapituler, pour que les gens se rendent bien compte, je veux pas mettre des mots à ta place, mais on parle ici d’une hypothyroïdie, une maladie auto-immune en plus. Donc, ce n’est pas juste un simple dysfonctionnement de la thyroïde qui serait « en mode baisse d’énergie ». Là, on est carrément sur le corps qui s’attaque lui-même, qui ne se reconnaît plus. C’est une maladie chronique, à vie. C’est pas rien, et en général, on est médicamenté, ce qui n’est pas toujours facile à vivre.

Ensuite, il y a une suspicion très forte d’endométriose, ce qui est souvent un combo assez classique avec les maladies auto-immunes. Et puis, un syndrome de l’intestin irritable, qui peut soit découler de l’endométriose, soit venir se superposer à tout ça. Avec ces maladies chroniques, qui, clairement, ne sont pas anodines, est-ce que tu dirais que ça a influencé les choix que tu as faits dans ta carrière jusqu’à présent ?”

Alice : “Là, tellement ! Quand je suis arrivée, moi, je sortais d’école et je suis directement allée à Lyon pour bosser. Ma carrière pro, en fait, elle a été énormément impactée par tout ça. Mon premier boulot, c’était dans une boîte de « sorcellerie moderne », avec que des nanas. Donc forcément, l’énergie, on était toutes un peu dans la même vibe. C’est fou comme, quand tu as un groupe de femmes qui travaille ensemble pendant longtemps, tout le monde finit par se synchroniser un peu.

Je pense que ça m’a affectée parce que je voyais qu’il y avait certaines phases où vraiment, j’étais pas du tout productive. J’avais mal, et je voulais pas rester derrière mon bureau. Mais en même temps, je me disais : « Non, en fait, j’arrive pas à bosser. » Et pour moi, même ça, ce n’est pas une excuse. Pas pouvoir bosser, pour moi, c’est pas une excuse valable, tu vois ? Mais parfois, j’avais des douleurs tellement intenses, assise derrière mon bureau, où j’avais juste envie de me jeter par terre en boule et de crier.

À ce moment-là, je me suis dit : « Non, il faut vraiment que je m’écoute. » Donc, j’ai essayé de faire un peu plus de télétravail, des choses comme ça. Et aujourd’hui, après deux ans de boulot dans des boîtes, j’ai décidé de me mettre à mon compte. J’ai monté une petite agence de marketing. Pourquoi ? Parce que maintenant, quand je suis fatiguée, j’ai le droit et je peux me permettre d’aller me poser 20 minutes, de m’étirer, ou de faire un peu de méditation. Si j’ai envie de manger à une heure précise, je peux aller manger à cette heure-là.

Franchement, j’ai une liberté que j’ai énormément de chance d’avoir. C’est beaucoup de boulot, parce que travailler seule, c’est énorme, tu dois le savoir. Mais j’ai aussi une liberté incroyable de pouvoir faire ce que je veux, quand je veux, pour moi. Et ça, c’est vraiment un bonheur. Je pense que si je travaillais encore en boîte aujourd’hui, je serais encore en dépression, mal dans mon corps, tout le temps fatiguée.

Donc oui, ça influence tout. Et si on a la chance de pouvoir prendre du temps pour soi, il faut prendre ce temps. Il faut se mettre en priorité parfois, s’écouter, parce que sinon, ça tue. Franchement, c’est dur quand on ne s’écoute pas.”

Amandine : “Pour finir, est-ce que tu aurais un message pour celles et ceux qui seraient dans des situations similaires ?”

Alice : “Ce que je me dis, j’ai écrit dans mon journal ce matin un petit exercice de « qu’est-ce que tu te dirais à toi il y a cinq ans ? » Et ça serait de t’écouter. Ce n’est pas grave si tu n’es pas bien, tu as le droit de ne pas être bien. C’est normal de ne pas être bien parfois, mais il faut que tu essayes de comprendre pourquoi tu ne vas pas bien pour trouver une solution.

Je pense que si des gens sont dans la même situation que moi, ou toi, ou qui ont des problèmes, des agressions, des traumatismes, ou qui, quand elles ont leurs règles, ne sont pas bien, il faut consulter. Aller voir quelqu’un, faire ses recherches aussi, c’est important. Il ne faut pas tout croire ce qu’on lit sur les réseaux, mais il faut faire ses recherches et se dire : « Bon, je pourrais aller voir une naturopathe, un gynécologue, certaines personnes qui pourront m’aider. » Ou même juste aller dans un groupe, un cercle de femmes, et en parler.

Parce qu’en fait, le meilleur médicament pour énormément de choses, c’est la parole. Même si on se parle à soi-même, mais aussi si on parle à un groupe ou à quelqu’un en qui on a confiance. Il faut le faire pour se rassurer, pour se dire : « Peut-être que je ne suis pas folle, peut-être qu’il y a une solution. » Et il ne faut pas avoir peur de faire des examens, parce que je sais qu’il y a beaucoup de personnes comme moi qui ont peur des résultats des examens. Mais il ne faut pas, il faut faire face. C’est un gros travail sur soi, mais si on est bien accompagné par des gens en qui on a confiance, on ne peut qu’ aller un petit peu mieux.

Et je pense vraiment que le conseil numéro un, c’est de s’écouter. Écouter son corps, écouter son cœur, écouter sa tête, ses intestins, son utérus, ses orteils. Écoute tout ce qui se passe dans ton corps. Ce n’est pas bête, mais il faut comprendre que si tu as mal, il faut comprendre pourquoi tu as mal. Ce n’est pas normal que tu sois mal comme ça, ce n’est pas normal que tu te sentes aussi mal à l’aise. Écoute-toi, fais-toi confiance, et dis-toi que oui, tu as mal, ok, mais je vais faire quelque chose.”

Amandine : “Voilà, c’est super. On va conclure sur ces mots d’encouragement. Merci Alice pour tous tes partages et tes précieux conseils. Et puis, je vous dis à très vite !”

Conclusion de l’épisode 4 : Alice, vivre avec plusieurs maladies chroniques.

C’est tout pour aujourd’hui dans ce premier épisode du “Journal des Lunes”. J’espère que cette introduction vous a donné envie de nous suivre chaque mois. N’oubliez pas de vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes et surtout de partager le podcast autour de vous, vos amis, votre famille et toute personne qui pourrait être intéressée par ces discussions importantes sur la santé et le bien-être féminin. 

Je suis reconnaissante de vous avoir eu avec moi. Restez connectées, prenez soin de vous et souvenez-vous : chaque phase de votre cycle est unique et précieuse. À la prochaine fois sur “Le journal des Lunes”, le podcast qui revient tous les mois comme tes règles ou pas ! Merci de m’avoir écoutée.

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