Dans le monde moderne, notre quotidien est souvent rythmé par une multitude de produits chimiques présents dans notre environnement, certains insidieux, d’autres invisibles. Parmi ces intrus silencieux se cachent les perturbateurs endocriniens, des substances capables d’altérer le fonctionnement délicat de notre système hormonal. Au cours de cet article, nous explorerons les différents types de perturbateurs endocriniens, leurs sources insoupçonnées, et surtout, comment ils influent sur le cycle menstruel. En comprenant ces mécanismes, nous pourrons prendre des mesures éclairées pour protéger notre santé reproductive et globale dans un monde de plus en plus saturé de substances chimiques potentiellement nuisibles.
L’OMS reconnaît la dangerosité de ces substances pour notre santé, celle de nos enfants et notre fertilité depuis les début des années 2000. Pourtant, encore peu de mesures de régulation sur l’utilisation de ces molécules ont été adoptées par nos gouvernements. Saviez-vous que ces substances encore disponibles sur le marché se cachent dans tous les produits que vous utilisez, alimentation comprise ?
Dans une première partie, nous découvrirons ce que sont les perturbateurs endocriniens pour ensuite aborder leurs impacts sur notre cycle menstruel et donc à terme notre fertilité.
Que sont les perturbateurs endocriniens ?
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a donné en 2002 une définition des perturbateurs endocriniens : il s’agit d’une “substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induit des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou de (sous-)populations”.
Ce sont donc des substances, le plus souvent issues de nos industries pétrochimique ou agroalimentaire, qui une fois ingérées ou en contact avec nos organismes vont perturber le fonctionnement de notre système hormonal (chez les Femmes comme chez les Hommes), de trois manières :
- modifier la production naturelle de nos hormones naturelles ;
- mimer l’action de ces hormones en se substituant à elles ;
- empêcher l’action de ces hormones en se fixant sur les récepteurs avec lesquels elles interagissent habituellement ;
donnant naissance à de nombreuses maladies chroniques dont certaines affectent particulièrement notre fertilité et nos appareils reproducteurs comme le SOPK.
Rappels sur le système endocrinien
Le système endocrinien est le système en charge de la distribution des hormones par le sang jusqu’aux organes. Il est composé de plusieurs organes différents, que l’on nomme glandes car elles sécrètent des substances et en particulier des hormones.
Les différentes glandes sont : l’hypophyse, l’hypothalamus, l’épiphyse (glande pinéale), la thyroïde, le thymus, les surrénales et les gonades (glandes génitales).
Rôles des hormones : médiateurs chimiques, messagers qui circulent dans le sang et qui viennent transmettre des informations aux cellules via des capteurs spécifiques.
L’hypothalamus transmet une impulsion nerveuse et hormonale à l’hypophyse qui est le chef d’orchestre des autres glandes ; toutes travaillent en synergie et en opposition.
Les système nerveux et hormonal sont les deux systèmes d’adaptation du corps humain : ils permettent l’ensemble des réactions qui font que la personne trouve son équilibre dans la vie.
“Les perturbateurs endocriniens altèrent le fonctionnement de ce système en interagissant avec la synthèse, la dégradation, le transport et le mode d’action des hormones. Ces molécules se caractérisent donc par un effet toxique non pas direct, mais indirect, via les modifications physiologiques qu’elles engendrent.”
Dans quels produits se cachent des perturbateurs endocriniens ?
Historiquement, les perturbateurs endocriniens ont été étudiés par les scientifiques depuis les années 1950, mais leurs effets nocifs pour la santé ont été réellement reconnus lors du scandale de l’affaire du distilbène.
Les perturbateurs se cachent dans notre alimentation et dans nos produits du quotidien : dans nos ustensiles de cuisine, dans nos produits ménagers, dans nos vêtements, dans les peintures de nos logements, dans nos produits de beauté et dans nos aliments notamment.
A l’heure actuelle, on peut dénombrer plus d’un millier de substances identifiées comme potentielles perturbateurs endocriniens, parmi elles, on peut citer :
- les hormones naturelles ou de synthèses (telles que les oestrogènes, la progestérone, la testostérone …) ainsi que les médicaments de synthèse imitant leurs effets (contraception, hormonothérapie) ;
- les pesticides (notamment certains fongicides et herbicides) ;
- les substances plastifiantes (comme les phtalates ou le Bisphénol A) contenues dans nos bouteilles, emballages et cosmétiques entre autres ;
- les retardateurs de flamme (PBDE) et les revêtements (PFAs) que l’on peut retrouver dans nos peintures, meubles, linges de lit et vêtements ;
- certains médicaments (comme le Distilbène), antidouleurs (paracétamol, AINS, aspirine) et antidépresseurs (Fluoxétine) ;
- des produits d’hygiène (Triclosan), produits ménagers et cosmétiques (parabènes) ;
- phyto-oestrogènes (soja).
(Liste non exhaustive)
Dans notre alimentation, les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans l’ensemble des plats, gâteaux, confiseries, boissons et sauce préparées, sous forme d’additifs, de colorants, de stabilisateurs et d’exhausteurs de goût d’une part. D’autre part, dans nos fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle sous forme de pesticides et boosters de croissance.
Impact des perturbateurs endocriniens sur la santé
D’une manière générale, ces molécules sont nocives pour les organismes des êtres humains mais aussi des animaux et pour notre environnement. En effet, une fois rejetées dans la nature, elles ne sont pas biodégradables et peuvent altérer les milieux naturels (animaux qui ne peuvent plus se reproduire, changement d’expression sexuelle…).
Les effets les plus référencés sont les suivants : “altération des fonctions de reproduction, malformation des organes reproducteurs, développement de tumeurs au niveau des tissus producteurs ou cibles des hormones (thyroïde, sein, testicules, prostate, utérus…), perturbation du fonctionnement de la thyroïde, du développement du système nerveux et du développement cognitif, modification du sex-ratio”.
Le souci, c’est que contrairement aux substances dangereuses habituelles (métaux lourds, poisons, plantes toxiques) ce n’est pas la dose d’exposition qui détermine les conséquences néfastes pour notre santé. Avec les perturbateurs endocriniens, même un faible degré d’exposition peut s’avérer dangereux. De plus, les altérations du système hormonal mettent du temps à s’exprimer et peuvent être transmis de génération en génération, surtout lorsque l’exposition a lieu durant la grossesse.
Les chercheurs étudient également l’« effet cocktail », c’est-à-dire l’effet que peut avoir un mélange de ces différentes substances sur la santé. Il s’agit d’un travail indispensable puisque des centaines de perturbateurs endocriniens sont présents en permanence dans l’environnement. Ces derniers agissent donc rarement isolément sur la santé humaine. Ils s’additionnent et forment des combinaisons qui peuvent dans certains cas être nocives.
Liens entre perturbateurs endocriniens et troubles du cycle menstruel
Comme vu précédemment, les perturbateurs endocriniens interférent avec le fonctionnement naturel de nos hormones et en particulier de nos hormones sexuelles. Celles-ci constituent les clés chimiques de notre cycle menstruel.
La plupart du temps, le perturbateur mimera l’effet des oestrogènes, qui en trop grande quantité dans nos organismes provoquent des symptômes désagréables :
- syndrome prémenstruel, migraines, douleurs aux seins ;
- prise de poids, rétention d’eau, mauvaise circulation ;
- endométriose, SOPK, troubles de la thyroïde ;
- risque de développement de cancers hormono-dépendants.
Pertubateurs endocriniens et endométriose
L’endométriose est une maladie multifactorielle qui résulte de facteurs génétiques, environnementaux, et hormonaux. Le principale caractéristique de ce trouble réside en la présence de tissu semblable à l’endomètre (muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus) en dehors de la cavité utérine : pelvis, péritoine, ovaires, vagin, trompes, ligaments utéro-sacrés, rectum, vessie, intestins…
Ces cellules cherchent à desquamer comme celles de l’utérus au moment des règles créant des saignements internes, fortement douloureux et handicapants. (pour en savoir plus : https://mandynat.fr/dossier-special-endometriose/ )
Une des théories scientifiques expliquant le développement des lésions d’endométriose est celle de l’exposition aux pertubateurs endocriniens, notamment les xeno-oestrogènes. Ils se trouvent notamment dans certains herbicides et insecticides comme le DTT (interdit mais ayant une rémanence de plus de 50 ans), la dioxine ou encore les PCB (polychlorobiphényles) ; ainsi que dans des matières plastiques comme le bisphénol A (BPA) ou encore dans les hydrocarbures issus de la combustion du carburant automobile.
Des études ont d’ailleurs mis en évidence une corrélation entre l’endométriose et certains perturbateurs endocriniens comme la dioxine, les PCB ou encore le BPA.
Pertubateurs endocriniens et SOPK
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est dû à un déséquilibre hormonal ayant pour origine soit les ovaires en eux-mêmes soit le système nerveux central (glande hypophyse). Il entraine une production excessive d’hormones masculines par les ovaires et/ou par les glandes surrénales, en particulier de testostérone, habituellement produites en faible quantité dans l’organisme féminin. Il en résulte une élévation du taux de testostérone dans le sang des femmes concernées. Cette « hyperandrogénie » (trop d’hormones masculines) cause des dérèglements de la fonction reproductrice : l’ovulation n’a pas lieu ou alors difficilement.
Une des causes possibles du déclenchement du syndrome est également la surexposition aux perturbateurs endocriniens : des facteurs environnementaux tels que les perturbateurs endocriniens sont également soupçonnés de jouer un rôle dans l’apparition de la maladie. Ces composés affectent potentiellement différentes fonctions de l’organisme : métabolisme, fonctions reproductrices, système nerveux, qui sont particulièrement touchés dans le cas du SOPK (voir mon article à ce sujet : https://mandynat.fr/renverser-son-sopk-quelles-solutions-naturelles/ ).
Comment réduire l’impact des perturbateurs endocriniens sur notre cycle menstruel ?
Une fois ce constat potentiellement angoissant fait, quelles sont les solutions à mettre en place pour limiter votre exposition aux pertubateurs endocriniens et donc leurs effets nocifs pour votre santé ?
Il s’agit avant tout de réduire votre consommation de produits très transformés et faits de matières non naturelles, de consommer beaucoup plus d’aliments bruts/locaux/de saison, de limiter le nombre de vos produits ménagers et cosmétiques.
Le zéro déchet pour réduire la présence de perturbateurs endocriniens
La démarche zéro déchet, zéro gaspillage, c’est un ensemble de pratiques que l’on peut mettre en place pour réduire les déchets (emballages, plastiques, produits à usage unique… ) et le gaspillage (des objets, des ressources, alimentaire…). Et ainsi contribuer à réduire les problèmes environnementaux et sanitaires qu’ils posent.
Les premiers réflexes à adopter peuvent être résumés sous la forme des 5R :
- Refuser : les goodies et autres cadeaux qui ne vont pas vous servir, les emballages inutiles, etc.
- Réduire : acheter en vrac pour éviter les emballages et/ou des produits en contenants consignés ;
- Réutiliser : privilégier les protections menstruelles ou les masques réutilisables à leur version jetable, allonger la durée de vie des objets (entretenir, réparer, donner une seconde vie…) ;
- Redonner à la terre : trier les biodéchets (épluchures, restes alimentaires…) séparément et les composter ;
- Recycler : trier les déchets qui n’ont pas pu être évités.
Pour en savoir plus : https://www.zerowastefrance.org/passer-a-laction/adopter-zero-dechet/
Je rajouterai d’utiliser des ustensiles et contenants en verre, bois ou terre cuite ; de prendre soin de vos vêtements et linge de maison (réparer, privilégier des matières naturelles), de ne pas acheter neuf mais de seconde main (les traitements chimiques s’atténuent après plusieurs lavages) et d’utiliser des produits ménagers naturels et minimalistes : vinaigre blanc, savon noir et savon de marseille.
La slow-cosmétique ou comment réduire la présence de perturbateurs endocriniens dans nos salles de bain
La Slow Cosmétique® est une démarche écologique et éthique fondée sur une volonté commune de promouvoir un mode de consommation naturel, sain et raisonnable de la cosmétique.
Les produits obtenant le label slow-cosmétique sont écologiques (peu de déchets), sains (sans pertubateurs endocriniens ou autres substances connues pour être nocives à la santé), sourcées principalement en France avec des ingrédients biologiques, à la composition minimaliste vendus à prix justes.
Vous les trouverez sur leur site : https://www.slow-cosmetique.org/nous-aider/acheter-sur-slow-cosmetique-com/
Si vous n’êtes pas fan du bio mais que vous souhaitez consommer de manière plus raisonnée : je vous suggère de vérifier la liste des ingrédients de vos cosmétiques (exemple: application YUKA) et de privilégier les produits à composition minimaliste (10 ingrédients ou moins) afin de limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Agriculture biologique et perturbateurs endocriniens
Un produit est considéré comme bio, uniquement s’il est un produit agricole ou une denrée alimentaire issu de l’agriculture biologique et que de fait, il répond aux exigences de la législation européenne, notamment :
- aucune utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides, engrais, désherbants…) ;
- aucune utilisation d’OGM ;
- respect du bien-être animal (transport, conditions d’élevage, abattage…) ;
- pour les produits transformés, une quantité de 95 % au moins des ingrédients issus de l’agriculture biologique.
Dans le détail, les produits pouvant être concernés par la certification bio sont :
- les produits agricoles non transformés (par exemple : céréales, légumes, fruits, coton, lait, œufs, animaux)
- les produits agricoles transformés destinés à l’alimentation humaine (par exemple : pain, fromages, plats cuisinés)
- les aliments destinés aux animaux (par exemple : tourteaux de soja)
- les semences et matériels de reproduction végétative.
Consommer plus de produits bio, c’est réduire la présence de pesticides dans notre assiette, privilégier le bien-être animal et limiter l’impact de notre consommation sur notre environnement.
En résumé :
-
Les perturbateurs endocriniens se trouvent dans tous nos produits d’usage quotidien ;
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ils sont dangereux pour notre santé même à faible dose ;
-
ils perturbent notre équilibre hormonal et notre fertilité ;
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ils peuvent se transmettre de génération en génération ;
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pour réduire leur présence chez vous : réduisez vos déchets (plastique), changez vos produits ménagers, privilégiez des cosmétiques bio et naturelles, consommez bio/local et de saison.
Sources :
https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/perturbateurs-endocriniens/
https://www.inserm.fr/dossier/perturbateurs-endocriniens/
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03336959/document
https://www.ateliernubio.fr/blog/cycle-menstruel-irregulier-pertube
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4086778/
https://academic.oup.com/jcem/article/96/3/E480/2597282?login=false
https://link.springer.com/article/10.1007/s11154-016-9326-7
https://link.springer.com/article/10.1007/BF03346762
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780128230459000158
https://cms.galenos.com.tr/Uploads/Article_38486/JCRPE-0-393-En.pdf
https://agriculture.gouv.fr/agriculture-biologique-quelle-reglementation
https://www.economie.gouv.fr/particuliers/comprendre-labels-bios
Amandine Quénel
Naturopathe et conseillère en santé hormonale
Je suis Amandine de MANDYNAT, naturopathe spécialisée dans l’accompagnement des troubles hormonaux féminins, en particulier du SOPK.
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